Le nouveau ministre de l'Intérieur Daniel Sanches a indiqué lundi que le nombre d'incendies en deux jours avait été multiplié par quatre par rapport à l'an dernier. "Les moyens de lutte sont insuffisants", a-t-il indiqué, d'où la demande d'aide présentée dimanche soir à l'Union européenne, qui a accepté d'activer son mécanisme communautaire de protection civile. La Grèce a promis d'envoyer deux avions Canadair, a annoncé le président du Service national des pompiers et de la protection civile (SNBPC), Fernando Paiva Monteiro, à la radio privée TSF. L'Italie a placé en état d'alerte un avion bombardier d'eau, selon l'agence Lusa.
Plus de 1.000 pompiers du nord au sud du Portugal, appuyés de nombreux véhicules et d'hélicoptères ou de Canadair bombardiers d'eau s'efforçaient lundi soir de maîtriser une vingtaine d'incendies. Dans le district de Castelo Branco (centre est), un pompier a été grièvement blessé et un camion brûlé par le feu.
L'un des plus importants foyers, dans la chaîne montagneuse de Monchique en Algarve (sud), qui avait déjà payé un très lourd tribut au feu l'an dernier, continuait de mobiliser plus de 150 pompiers, appuyés par 44 véhicules, mais sans le soutien de moyens aériens, envoyés sur d'autres fronts.\n Dans la Serra de Arrabida, à une trentaine de kilomètres au sud de Lisbonne, pour la deuxième journée consécutive les plages bordant cette petite chaîne montagneuse, très prisées des Lisboètes, ont dû être évacuées en raison de l'avancée des flammes. Cet incendie, donné comme circonscrit en début de matinée, est reparti dans l'après-midi et plus de 200 pompiers tentaient de contenir des flammes hautes de plus de 20 mètres, dans cette réserve protégée qui abrite une végétation méditerranéenne aux espèces rares.
Les organisations de protection de l'environnement se sont ému de la destruction de ce sanctuaire végétal, qualifiée de "perte inestimable" par le Parti des Verts. "Il est incompréhensible qu'on n'ait mobilisé qu'un hélicoptère léger pour combattre l'incendie d'Arrabida qui a détruit quelque 700 hectares de végétation, dont 30 à 40% situés dans une zone de végétation méditerranéenne totalement protégée", a déclaré lundi matin le vice-président de l'association Quercus Francisco Ferreira cité par l'agence Lusa. Un Canadair a finalement été envoyé sur les lieux lundi après-midi, alors que les flammes menaçaient une cimenterie géante plantée en bordure de la chaîne.
Les incendies sont attisés par la canicule qui s'est abattue depuis plusieurs jours sur le Portugal. Depuis samedi, les températures ont dépassé ou frôlé les 44 degrés dans plusieurs localités du sud et de l'intérieur du pays. La météorologie nationale prévoyait que la canicule se poursuivrait jusqu'à mercredi. Des pics d'ozone de plus de 180 mg/m3 ont été enregistrés, notamment dans la région de Braga (nord). L'éclosion de multiples foyers a cependant relancé les soupçons d pyromanie. "Les températures n'expliquent pas tout, notamment la simultanéité des feux dans plusieurs points du pays. La déduction facile c'est qu'on a mis le feu", selon le président du SNBPC.
Selon la Direction générale des ressources forestières, au 18 juillet la superficie dévastée par le feu depuis le début de l'année (26.858 hectares) dépassait déjà celle de 2003 à la même époque. En 2003, plus de 400.000 hectares étaient partis en fumée, 20 personnes étaient mortes dans les incendies et une centaine de maisons avaient été détruites. Le montant des dégâts avait dépassé le milliard d'euros. |